Comment comprendre les comportements du très jeune enfant ?

Votre Psychologue à Bordeaux (33200) vous présente comment comprendre les comportements du très jeune enfant ?

Nombreux sont les adultes qui sont dans l’incompréhension face à certains comportements des  très jeunes enfants. Pourtant, la connaissance scientifique  aujourd’hui peut nous éclairer sur ces attitudes qui paraissent souvent exagérées pour l’adulte qui assiste souvent impuissant à ces manifestations.

Tout d’abord, il faut se rappeler que le petit d’Homme nait  inachevé, son cerveau est encore très immature, ce qui va générer son état de dépendance extrême pendant de nombreuses années. Sa dépendance n’est pas que physique, chez les humains elle est aussi affective, du fait de l’importance des émotions dans notre rapport au monde.
Il est facile de constater que son développement n’est pas fini même au bout de 9 mois de gestation. Il a fallu tellement de temps, dans l’histoire de l’humanité, au cerveau pour parvenir à ce niveau de complexité, que cela s’est fait au détriment du développement physique.
Les neurosciences nous montrent aujourd’hui que bien que le cerveau soit déjà opérationnel dès la naissance, il n’atteindra son niveau de maturité que vers 25 ans. Autant dire, que les enfants de 0 à 3 ans en particulier, ne sont qu’au tout début d’un apprentissage  dépendant de cette maturité qui va progresser petit à petit.

Quelle est l’origine d’un comportement chez l’enfant ?
Tout d’abord, il y a le terrain génétique, étroitement lié à ses parents. Par ailleurs, l’enfant  va se construire au contact de son environnement.
La qualité de l’environnement imprime dès les premiers mois le tempérament de l’enfant et influence ses futures compétences cognitives et émotionnelles.
Or, les comportements de l’enfant sont avant tout pulsionnels, ils ne sont pas contrôlables puisque le cerveau n’est pas encore équipé pour inhiber la pulsion, le geste, qui n’est pas encore pensable.
Il suffit de voir comment gesticule un bébé, combien il lui faut du temps pour coordonner ses mouvements, le temps qu’il va mettre pour marcher en équilibre stable, le temps qu’il va mettre pour dessiner un bonhomme….
Il est donc entendu que l’enfant ne peut pas contrôler ni ses émotions ni ses comportements pulsionnels.

Parlons de l’apprentissage en général :
Apprendre c’est répéter et multiplier les expériences, par essais et par erreurs pour un jour parvenir à intégrer un geste, une attitude, de façon automatique. Cela prend du temps, des semaines, des mois, des années parfois.
L’apprentissage lui aussi dépend de la qualité de l’environnement. Plus l’environnement est stable, rassurant et valorisant pour l’enfant, plus le développement sera harmonieux.

Après avoir posé ces bases, comment peut-on mieux comprendre qu’un enfant fasse une grosse colère parce qu’on lui a seulement dit qu’il était temps de partir par exemple.
Le moteur du développement il faut bien le dire, c'est le plaisir, surtout chez l’enfant qui n’est pas encore bridé par l’éducation et les contraintes de la réalité. Il va y avoir forcément conflit entre un principe de plaisir et un principe de réalité, ce qui va générer ce que l’on appelle le stress.
Comment aider l’enfant à supporter ce principe de réalité au quotidien ?
La contrainte est ressentie comme un stress et plus l’enfant est jeune , moins il a l’expérience de la chose, plus le stress est fort.
On ajoute à cela que les enfants comme les adultes sont très différents dans leur rapport au stress. Pour certains la moindre frustration peut déclencher un cataclysme émotionnel (incontrôlable), pour d’autres il suffira d’une simple distraction de son attention pour lui faire accepter la situation.

L’enfant ne fait donc pas de comédie quand il fait une colère ou quand il pleure, il exprime juste une émotion qu’il n’a pas pu contrôler.

La dépendance de l’enfant  à l’adulte va interférer de façon importante dans la lecture de ses comportements. L’enfant qui pleure ne cherche pas l’adulte, il en a besoin. Il a été touché par un état émotionnel désagréable comme la colère, la peur ou la tristesse. Et ne peut pas toujours en sortir seul. Il a besoin de l’adulte pour y arriver.
Le « doudou » représente un objet ressource dans lequel l’enfant  trouve par le contact et la manipulation, une solution à son stress.
Plus l’enfant est petit plus il a besoin de l’adulte, plus il grandit plus il s’autonomise et trouve ses propres solutions pour se calmer et faire avec cette réalité qui s’impose à lui, comme à nous les adultes aussi.

Il semble que les adultes, selon les caractères des uns et des autres, ne soient pas toujours en mesure de contrôler leurs émotions malgré leur haut niveau de maturité !
Précisément il en faut beaucoup, de patience et de recul, pour prendre sur soi, malgré la fatigue et l’énervement pour calmer l’enfant et l’aider à contenir ses assauts  émotionnels.

Comment faire alors?
Accepter que l’enfant ne contrôle pas et qu’il va lui falloir du temps pour y arriver. Lui faire confiance.
Verbaliser ce qui lui arrive « je vois que tu es colère », « je vois que tu es triste »
Au lieu de se fâcher, lui proposer de se calmer en prenant le temps qu’il faut pour que l’enfant retrouve un état de stabilité émotionnelle, avec le contact ou (et) son doudou.
C'est seulement dans un second que l’on pourra reparler de la situation ,à froid, quand l’attention sera à nouveau disponible, au calme, pour écouter l’adulte et intégrer l’information, ce qui ne garantit pas la disparition de la réaction à la frustration, puisqu’il faut du temps à l’enfant pour grandir.

L’enfant est en apprentissage de socialisation en particulier. Apprendre à tenir compte de l’autre, à décoder ses mimiques, ses mots, ses attitudes. Cette compétence relationnelle, différente au départ chez chaque enfant, va se mettre en place petit à petit. On constate encore à l’école maternelle d’ailleurs qu’il faudra encore quelques années pour parvenir à être totalement autonome dans la capacité à rencontrer l’autre de façon adaptée.

 

                                
I.Lelouvier,
Psychologue  en crèche